L’aperçu de Tandem: A Tale of Shadows lors de l’évènement Games Made in France en octobre 2020 avait attiré mon attention. Le studio français Monochrome Paris y présentait alors le gameplay asymétrique de ce puzzle-plateformer à l’ambiance particulière. Un an après, le jeu est enfin disponible sur toutes les plateformes ! Partons pour le monde palpitant d’Emma et Fenton dans leur exploration du manoir Kane.

Un savant mélange de perspectives

Thomas Kane a disparu ! La jeune Emma se met en quête de la résolution du mystère. Elle est rejointe par l’ourson Fenton pour former un duo intrépide. La fillette se déplace dans le monde en 3D tandis que son compagnon en peluche se trouve dans un plan en 2D. L’une peut interagir sur l’environnement de l’autre grâce à sa lanterne, en créant des plateformes via les ombres portées. Fenton peut marcher sur les surfaces sombres, mais ne peut pas s’y tenir, on apprend alors assez vite à le maintenir dans la lumière. On lui crée des ponts d’ombre pour qu’il puisse avancer de plateforme en plateforme. Ceci soit en positionnant Emma et sa lanterne à côté des éléments du décor 3D, soit en déplaçant des chariots autour de lampadaires. Le premier monde, les Jardins, propose d’apprendre toutes ces mécaniques sans trop d’obstacles au début, mais ne nous laisse pas sans un début de challenge à peine quelques niveaux réussis. On apprend d’ailleurs que le but de chaque niveau est de mener Fenton au cristal en fin de parcours afin de passer au puzzle suivant. Ceux-ci s’étalent souvent sur plusieurs écrans et donc plusieurs pièces du manoir, rendant la réflexion intéressante. Il faut en effet faire progresser les deux amis en parallèle. L’un ne peut jamais avancer très loin sans l’autre. 

 Cinq mondes et autant de mécaniques différentes

Chaque environnement dans l’étrange manoir Kane nous offre de nouveaux défis à relever. Les jardins sont presque cosy malgré la présence de quelques araignées mécaniques (arachnophobes, vous voilà prévenus). L’entrée dans la demeure se fait par un sous-sol tout droit sorti d’un livre de Jules Verne et notamment inspiré par le Nautilus. Là où il faut uniquement contourner les arachnides pour avancer et créer des ombres dans les jardins, le deuxième monde offre plus de possibilités d’action. On pourra alors remplir des tuyaux de liquide opaque pour créer de nouvelles plateformes pour Fenton et on rencontrera de nouveaux ennemis que l’ourson devra apprendre à déplacer astucieusement pour laisser passer Emma. Sans spoiler les mécaniques des environnements suivants, on dira simplement qu’elles sont toujours les bienvenues, elles permettent de renouveler l’expérience et briser une redondance qu’on aurait pu craindre avec uniquement l’aspect ombres et lumière. 

Une difficulté bien dosée

Certaines phases de plateformes avec Fenton demanderont de bons réflexes. On aura également besoin d’un peu de coordination pour les quelques niveaux finaux des mondes qui font office de boss. Là aussi, les challenges sont variés et mettent parfois un coup de pression par des timings serrés à respecter. La difficulté du jeu est très progressive et reste de toute manière raisonnable. Si l’on bloque face à un obstacle, c’est en général parce que l’on a raté un détail de l’environnement essentiel à la progression. Que ce soit un passage dérobé dans une cloison, un interrupteur ou un engrenage à faire tourner au bon moment, on finit toujours par avoir l’éclair de génie ultra satisfaisant qui permet d’avancer. 

Une ambiance victorienne inspirée

Le jeu de Monochrome Paris nous plonge dans des environnements d’inspiration victorienne où s’entremêlent également Jules Verne, Tim Burton ou Conan Doyle. Il se pourrait qu’une plateforme 7 3/4 se soit également glissée dans le jeu pour faire un clin d’oeil à un certain sorcier. Vous l’aurez compris, les inspirations sont nombreuses et servent le jeu. Celui-ci est ainsi riche d’une atmosphère à la fois enfantine et lugubre, un savant mélange que l’on retrouve également dans la direction artistique. Emma est en effet dans un monde plutôt coloré, en 3D, ultra lumineux qui fourmille de personnages secondaires plus ou moins belliqueux. Fenton est quant à lui dans son plan 2D en noir et gris où il flirtera beaucoup avec le danger. Les animations des personnages sont fluides et bien lisibles, permettant de progresser sans trop d’erreurs. Aussi, est-ce que Fenton est triste lorsqu’Emma se laisse prendre dans un piège ? Oui, et c’est trop mignon ! Les niveaux fourmillent de détails et on s’amuse parfois à simplement admirer le travail des développeurs.

Les musiques qui nous accompagnent tout au long de l’aventure sont sympathiques et permettent de nous plonger un peu plus dans cette ambiance si particulière. Le travail de doublage du narrateur et d’Emma sont à souligner, disponibles uniquement en anglais, cependant le jeu est entièrement sous titré en français. Pari réussi pour Monochrome Paris et Hatinh Interactive qui signent un jeu qui mêle à merveille puzzles et plateforme dans un monde original rempli de clins d’oeil malins. Le jeu est beau, facile à prendre en mains et requiert tout de même une bonne dose de réflexion pour venir à bout des quelques heures de challenge qu’il renferme. Le plus difficile n’étant peut-être pas de trouver la solution à chaque énigme mais bien de trouver tous les secrets cachés çà et là dans le manoir.